- Prêtes. - Allons-y! -Lunettes. Clip. - Prête? - Ouais. - Allons-y. -Clip. -Clip. -Super. Augmentons la vitesse. - C’est bon? - Un peu plus, oui. Alors... Quand il faudra aller plus vite, donner plus de puissance, je vais dire : « Plus ». -OK. -Quand il faudra ralentir, « Moins un » ou « Ralentis », ralentir avant les intersections, « Stop » si on a besoin de s’arrêter. -À environ 100 m avant un virage, tu me le diras. -Oui, c’est bon. -En contre-la-montre,   nous avions l’habitude de dire « 100 gauche » pour 100 m avant un virage à gauche. Pour se lever debout, je vais faire un compte à rebours. -Ça marche, oui. Et puis « Debout » -Deux, un, debout. -Allons-y. -Et assis. -C’est venteux, assure-toi que j’entends bien « Assis ». Ça va m’aider. -OK, donc parler fort? -Ouais. -Excellent. C’est parti. -D’accord! Amusons-nous. Je m’appelle Shawna Ryan. J’ai 47 ans. Je viens de Saskatoon, en Saskatchewan. J’ai un mari extraordinaire qui s’appelle Eric, deux magnifiques enfants, Willow et Breah, qui ont 9 et 11 ans. J’ai pu participer à deux Jeux paralympiques, en 2008 avec le goalball, et en 2016, j’ai eu le plaisir de participer en paracyclisme dans la catégorie Tandem, à Rio. -Je m'appelle Joanie Caron. J'ai 37 ans. Je viens de Rimouski. J'ai participé aux Jeux paralympiques de Rio en 2016 en tant que pilote de tandem. J'ai été coureuse professionnelle pendant 15 ans. J'habite maintenant à Vancouver où je dirige une entreprise d'entraînement cycliste qui se nomme Altius Velo. C’est bon, on sent le rythme. -Super. Donc, notre aventure a débuté à Tijuana, hein? -Ouais. -Oui. Je me souviens d’avoir reçu l’appel environ quatre semaines avant qu’on doive se déplacer. Cyclisme Canada testait une nouvelle pilote. On me demandait si je pouvais la rencontrer en Californie. Pour atteindre… c’était quoi déjà? Entre 40 et 41 km/h au contre-la-montre pour faire partie de l’équipe. Et c’était toi. -Oui! Je... J’étais vers la fin de... Ouais, tout près de la fin de ma carrière de cycliste individuelle. Je venais de déménager à Vancouver et on m’a demandé d’être pilote, pilote de tandem, si je réussissais à exécuter ce standard. À ce temps-là de l’année, les conditions étaient plutôt froides. Nous avons choisi d’aller en Californie. Finalement, nous avons passé le test au Mexique, à Tijuana. C’était notre première... C’était notre première course ensemble. -Ouais, et la première fois que nous nous rencontrions. Je me souviens d’une rencontre dans un stationnement. Nous avions besoin d’un vélo. Je pense que j’ai apporté un vélo. Nous nous sommes rejointes et nous avons dû ajuster le vélo, ce qui était une courbe d’apprentissage en soi. Et puis apprendre à utiliser le vélo ensemble et apprendre à communiquer ensemble. Tout ça, en une seule soirée. -Ouais. Le lendemain, c’était la première course, la première tentative. Nous n’avons pas réussi. Le deuxième jour, tôt le matin, nous l’avons fait, nous avons atteint le standard. Et c’était notre première fois sur le vélo ensemble. Première fois pour moi en tant que pilote. -Oui, tu as fait un travail remarquable. Et tu sais, je pense que nous avons senti que nous allions avoir beaucoup de plaisir ensemble. -Ouais, c’était… C’était vraiment un weekend intense. C’était une première. C’était à la fin de l’année 2014. -Exact. -Donc un an, un an et demi avant Rio. Et à l’époque, tu étais la pilote d'une autre athlète. Nous avons fait la première partie de la saison dans différentes équipes. Exact, toi avec une autre pilote et, moi, comme pilote d’ et moi, comme pilote d'une autre athlète une autre athlète. Jusqu’aux Jeux panaméricains. -Où nous avons fait équipe. -Ouais. -Et c’était le début de notre histoire commune en tandem, de notre aventure ensemble en tandem. Et nous avons été sélectionnées pour aller aux Jeux panaméricains de 2015 à Toronto. Et c’était vraiment le fun les Panam. Mais il y avait aussi certains défis parce que j’ai dû passer à travers la classification, ce qui veut dire que j’ai dû être testée en ophtalmologie pour prouver mon degré de vision, démontrer qu’il était suffisamment bas pour participer aux Jeux. Les athlètes malvoyant·es sont classé·es en catégories B1, B2 et B3. Et si votre vision est supérieure à B3, vous risquez de ne pas pouvoir participer à la compétition. J’étais à la limite de ne pas pouvoir compétitionner, mais j’ai passé un deuxième test et j’ai pu participer. Nous avons fini par avoir quelques bonnes courses là-bas. -Oui. Cette requalification nous a vraiment tenues en haleine. En fait, je pense que deux jours avant le début des épreuves, nous débutions avec la course sur piste. Nous avons obtenu la quatrième place au kilo et, pour les épreuves sur route, nous avons eu la médaille de bronze au contre-la-montre. -C’était génial. Nous avons pu partager cela avec nos coéquipier·ères canadien·nes. -Ouais. -Et nous étions tous·toutes sur le podium ensemble. Je me souviens, j’avais les larmes aux yeux. C’était un moment de grande fierté. -Ouais. Un podium entièrement canadien pour clôturer les Jeux panam. en 2015. -Nous avons eu une bonne année d’entraînement après ça. -Ouais. -Pour nous préparer au Défi sportif à Montréal en mai 2016. -Ouais. Nous sommes restées en contact tout l’hiver. Je pense qu’après le contre-la-montre, nous avions tiré la même conclusion que nous avions un certain potentiel ensemble et en équipe. -Nous nous sommes vraiment efforcées de rester détendues tout en ayant une communication très efficace, en portant attention au langage corporel de l’autre. Et ce jour-là, nous étions vraiment dans un flow d’une équipe de tandem. -Oui. Donc, à Tijuana, notre première course, si je me souviens bien, l’objectif était d’aller à une vitesse de 39 km/h. Notre objectif. Alors, c'était comment? Un an, un peu plus d'un an plus tard, c'était 41 km/h. Et ce jour-là... -Au Défi. -Au Défi, nous avons fait 45 km/h. -Ouais, la médaille d'or au contre-la-montre. C'était génial. -Ouais. C'était, je dirais, l'une de nos meilleures performances. Je veux dire… -Nous savions que que nous avions fait une super course avant même de connaître le résultat. -Assurément. C’est agréable de se souvenir des médailles, des résultats et des performances, mais tout le processus pour y arriver est ce dont je me souviens le plus, c’est certain. C’est encore plus riche. Nous avons fait le Défi. Nous avons fait cette performance. Nous avons atteint ce que nous appelons le standard A. Nous étions dans le pool pour Rio. À l’époque, on nous avait dit que ce serait presque impossible d’aller à Rio et de s’entraîner en espérant recevoir l’appel pour les Jeux. -Oui. -Tout l’été. -Et nous devions nous entraîner comme si on y allait, même si les chances étaient minces. -Ouais. Toi en Saskatchewan, moi à Vancouver. -Oui. En s’entraînant chacune de notre côté. Tu as fait une courte visite en Saskatchewan. C’était bien. -Oui. Les routes sont magnifiques là-bas. -Puis trois semaines avant les Jeux, nous avons reçu l’appel, que nous irions aux Jeux comme équipe substitut. Je me souviens de me rendre au travail et… je marchais vers le travail quand j’ai entendu, quand j’ai reçu l’appel téléphonique. J'étais tellement excitée et tout le monde au travail s’exclamait et criait. C’était très excitant. Et toi? -Eh bien, tu étais en décalage d’une heure avant moi, alors je me réveillais, je prenais mon café et j’ai appris la nouvelle. Et je t'ai appelée, je crois. -Ouais. -Juste après, dès que j'ai su. C’était vraiment un moment inoubliable. -Ouais. Aussi, ce qui était chouette pour Rio, c’est que pendant notre préparation, ma famille se préparait également à venir. C’était très excitant. -Ouais, c’est… -Nous avons donc réussi à aller à Rio, c’était un véritable honneur de faire partie de l’équipe. Notre équipe était comme une famille et j’adore être avec ces personnes, tu sais. Elles étaient tout simplement géniales… Nous n'avons pas eu les résultats escomptés à Rio. 13e dans la course sur route. Non, pardon, dans le... Oui, 13e au contre-la-montre, 12e dans la course sur route. Donc... Pas les résultats souhaités, mais je me souviens que nous avons bien communiqué en équipe, nous nous sommes soutenues mutuellement même dans les collines très très escarpées de Rio. C’est ce que je retiens le plus et ma famille qui nous encourage sur le bord de la piste, en criant « Jo et Shoe! » parce que c’est le surnom de notre équipe. « Jo et Shoe! » -C'est ici que « Jo et Shoe! » est né. -Oui, c’est ça. -En bordure du contre-la-montre Si on simplifiait? En bordure du contre-la-montre des Jeux paralympiques de Rio en 2016. -Exact. Ces Jeux étaient surtout axés sur la famille, les ami·es, la résilience et la persévérance. J'étais vraiment fière de nous. -Oui. Je... Comme tu l’as dit, nous n'avons pas obtenu... -Quoi? -Nous n'avons pas obtenu les résultats que nous souhaitions. Mais ça fait partie du sport de haut niveau. -C’est ça. -Tu as de bonnes journées, d’autres… -Tu sais, dans le sport de haut niveau, c'est... ça fait partie de ça. Tu travailles d'arrache-pied. Tu sais, s'entraîner six jours par semaine avec l'entraînement musculaire tôt le matin pour moi, avant d’aller travailler à l'hôpital… Et puis au retour à la maison, monter tout de suite sur mon vélo stationnaire au sous-sol la plupart du temps. Je faisais des intervalles très difficiles envoyés par mon entraîneur Homme? oui , je lui envoyais toutes les données puis je sautais du vélo pour me préparer à accueillir mes enfants à la sortie du bus. Une vie vraiment occupée. C’était la période la plus organisée de ma vie. J’adorais ça, c’était exaltant. Ça l’était vraiment. C’était difficile. -Ouais. -Très dur. Beaucoup de douleurs. Mais j’adorais ça. -Ouais, quand tu as un objectif, une raison d’être, tu ne comptes pas les heures. Souvent, même si nous nous entraînons 15, 20, 25 heures, c’est une chose que j’ai apprise au cours de mes années de compétition, le métier d’athlète professionnel dépasse amplement ces heures-là, ces 20 heures par semaine. -Ouais. -Parce que tout ce que nous faisons, ce que nous mangeons, l’heure à laquelle nous allons au lit, l’organisation de notre temps en dehors du travail et de l’entraînement est orienté vers l’atteinte de cet objectif. Et ce n’est pas fini après deux ou six mois. -Non. -C’est pendant plusieurs, plusieurs années. -Ouais. -Donc... -Et toi et moi, nous étions toutes les deux vers la fin de… Je terminais une période d’entraînement de haut niveau au goalball. Tu avais accumulé... Tu sais, 15, 20 ans de cyclisme professionnel, et c’était encore... Je me souviens qu’un de mes entraîneurs m’a donné un t-shirt qui disait : « Tout ce que vous avez à donner est tout ce que vous avez. » -Ouais. -C’est pas mal ça. -Je pense que ça résume tout. 15, 20, 25 ans de cyclisme professionnel. Ça me fait sentir jeune. -Allez, allez, allez. -Je blague… Maintenant... -Mais vous savez, ça n’a pas toujours été facile, parce que l’entraînement exigeait vraiment beaucoup d’automotivation parce que je n’avais pas d’équipe en Saskatchewan. J’ai fait équipe à distance avec toi la plupart du temps, avec des camps d’entraînement une fois par an et des compétitions en été. J’ai passé beaucoup de temps à m’entraîner dans mon sous-sol, à faire des intervalles, quelques sorties sur la route. Il n’y a pas de bon système de soutien pour les paracyclistes, même pour les cyclistes individuel·les. J’ai l’impression que nous ne sommes pas toujours considéré·es comme des cyclistes légitimes, ce qui peut parfois être blessant et difficile pour moi. Mais j’ai dû persévérer parce que j’avais un objectif. Et même dans la mesure où mon entraîneur était... Les entraîneurs, vous savez, ne se sont jamais vraiment assis avec moi pour savoir comment je vois, à quoi ressemble mon monde, ce qui, je pense, aurait pu optimiser mon expérience et mon entraînement. Je pense que c’est un aspect important à améliorer, sur lequel on devrait faire de la recherche pour mieux défendre nos droits et intérêts. -Oui, absolument. Comme... Pour moi, qui vient du cyclisme féminin professionnel individuel, passant ensuite au parasport, j’ai appris une tonne de choses et je suis très reconnaissante que ce soit venu à la fin de ma carrière. Toi et moi avons passé beaucoup de temps ensemble, et c’est grâce à ça que j’ai appris les choses subtiles sur le cyclisme avec une déficience visuelle. Sur ce que tu peux voir, ce que tu ne peux pas voir, comment ça affecte ta vie au quotidien. Ce sont des choses que j’ai apprises parce que nous avons passé beaucoup de temps ensemble. -Exact. Et tu as pris le temps de me demander, tu sais, tu t’assures toujours que je suis correcte. J’ai appris que je pouvais te faire confiance. C’est une chose majeure. Quand les gens sont gentils, sont gentiment curieux. -Ouais. -Je suis vraiment contente de partager mes expériences en tant que personne née avec des cataractes. Je suis malvoyante depuis ma naissance. Je peux lire les caractères normaux, mais les distances, c’est plus difficile. Je roule sur un vélo normal, mais lentement et très prudemment, dans les zones familières. Si je faisais la course, je mutilerais probablement des gens, je blesserais quelqu’un et moi-même. Donc, tu sais, ta présence transforme ma vie. -Merci. Pareillement, tout à fait. Des fois, une chose que je… Au début, en arrivant dans le parasport, je ne savais pas ce qui était correct de demander. Que ce soit à toi, ou à un·e autre athlète avec une déficience visuelle ou à quelqu’un qui avait un autre type d’handicap physique. Et c’est souvent... Nous ne savons pas ce qui est adéquat de demander et quand. Je pense que tu as bien résumé la situation, en parlant des personnes qui posent des questions, sans rien présumer. -Exactement, je pense que les présomptions créent aussi des biais et des préjugés. Il y a même des gens qui supposent que si vous avez une déficience visuelle, vous souffrez de troubles cognitifs, ce qui n’est évidemment souvent pas le cas. Donc, ouais, c’est essentiel de ne pas avoir d’idées préconçues. Demander, être créatif·ves. La résolution créative de problèmes est une habilité de base pour les gens qui vivent avec un handicap. Et pourquoi ça serait différent en sport? Ouais. -Absolument. Il y a beaucoup d’éducation qui doit être faite et nous avons beaucoup à apprendre. Je dirais qu’une grande leçon que j’ai tirée... -Qu’est-ce que c’est? -Une grande leçon pour moi a été de voir les choses d’une autre perspective. Par exemple, de bien connaître ton horaire et tes déplacements à l’avance, toutes ces choses sont importantes pour toi, parce que, je veux dire, pour toi ou un·e autre athlète ayant une déficience visuelle… qui peut voir 50 %, 30 %, 25 %. Vous devez savoir ce qui vous attend. -Oui. Je veux dire, je pense... que ce n’est pas nécessaire d’avoir un·e guide officiel·le, mais juste quelqu’un qui est... qui peut te donner plus d’informations respectueusement, pour qu’on puisse tous·tes fonctionner à notre meilleur. -Ouais. Je veux dire, c’est ça l’affaire, c’est un des enjeux, de trouver comment chacun·e peut fonctionner à son meilleur. -Ouais. -Et se soutenir mutuellement. -Et pour moi, évidemment, en étant aussi la plus indépendante possible, ce qui est extrêmement important pour moi. Tu sais, le fait d’avoir la force d’être vulnérable et de demander de l’aide si nécessaire. -Oui. -Pour être en sécurité et faire ce que j’ai à faire. Une chose qui me préoccupe… en préparation à ce projet, j’ai appris par Caroline qu’il n’existe pas de données actuelles sur la représentation du parasport dans les médias et encore moins comment les femmes para-athlètes sont représentées dans les médias. C’était choquant et dérangeant. Je pense que s’il y avait une meilleure représentation et une plus grande acceptation culturelle, les para-athlètes et les femmes para-athlètes auraient plus de possibilités. Des opportunités, c’est ce dont nous avons besoin pour faire nos preuves et aller plus loin. Pour prouver à notre milieu et à nous-mêmes que nous sommes fort·es et que nous avons des objectifs. Nous avons des plafonds de verre à briser et des montagnes à gravir. C’était donc... C’est donc un domaine de recherche à approfondir. C’est plutôt excitant dans un sens. C’est décevant, mais c’est aussi une occasion stimulante. Tu vois ce que je veux dire? -Ouais. C’est empouvoirant de t’écouter en ce moment. Ce n’est pas comme si tout avait été fait jusqu’à présent. Il y a… ouais, place à l’amélioration. Il y a plus d’initiatives à prendre, plus d’éducation à faire. Je veux dire, cette statistique selon laquelle 5 % du sport En relisant, l'anglais je pense qu'elle a seulement répété women. 5% of women, of women' sport. Donc en FR, on répéterait Sport ou seulement Du... … du sport féminin est représenté dans les médias. -Ouais. -C’est incroyable. -Wow. -Pour moi, ça résume tout. -Et celle disant qu’environ 60 % des jeunes, environ 60 % des filles, filles et adolescentes pratiquent un sport, et en devenant adulte, ça tombe à 16 %. Donc je crois que ce 5 % et ce 16 % nous montrent à quel point c’est important de faire évoluer la façon dont nous soutenons les femmes en sport, nous militons en leur faveur, nous les représentons… C’est tellement important. -Oui, c’est primordial. -Comment vois-tu le cyclisme individuel en termes de représentation des femmes? -Le cyclisme au féminin est parti de loin. Je dois dire que… j’aime l’exemple du tennis où le salaire est maintenant égal à celui des hommes. Je pense que le cyclisme y travaille, que le cyclisme individuel travaille vraiment fort pour combler ce fossé. Lentement. Très lentement. Il y a plus de courses, plus de courses pour les hommes que celles offertes pour les femmes. -Ouais. -Parmi celles qui sont les plus prestigieuses, le Tour de France, par exemple, organise un événement de seulement une journée alors que les hommes ont 21 jours. -Exact. -Donc ça montre un peu le chemin à parcourir. Je constate des progrès. Il y a un bon groupe qui se bat pour qu’il y ait plus de courses féminines, un salaire minimum. Je dois dire que, selon moi, la course féminine est tout simplement différente que la course masculine. Elles sont tout autant excitantes. Les courses sont plus courtes, donc parfois un peu plus dynamiques. Alors que du côté des hommes, ce qui est intéressant, c’est l’endurance sur la distance. Elles ont toutes les deux leurs forces, elles ont toutes les deux leurs Je couperais propres car l'image n'est que de deux secondes caractéristiques. -Exact. -Et il n’y en a pas une qui soit meilleure que l’autre. -Oui -On a besoin des deux. Et chacun des… J’ai rencontré beaucoup de gens qui souhaitent voir davantage de courses féminines à la télé. -Oui -Être plus exposé·es à ça. -J’aimerais beaucoup que mes filles voient plus de femmes compétitionner à la télé. Ce serait formidable. -Ouais, ce serait formidable. -Et inspirant. Juste pour qu’elles pensent, tu sais… Mes enfants et les autres filles et tous les autres, tu sais, que les enfants soient inspiré·es, par ce que nous avons accompli sur le vélo, notre parcours. -Ouais. -Ce que nous avons réalisé. Je suis heureuse que mes enfants puissent me voir faire de la musculation et être forte, avoir un mode de vie équilibré. -Ouais. -Je me demandais… avais-tu d’autres... Tu as tellement un point de vue intéressant sur les femmes en sport. Est-ce qu’il y a autre chose que tu voulais… -Oui. -Ou devrions-nous nous lever? -Ouais. Veux-tu qu’on teste un peu nos jambes? -Oui. Ouais, ce serait bien. Se délier les jambes. -Super. Accélérons la cadence. -OK. - Mains dans les drops. -Changement de plateau. -Et plus. Super. Quand nous allons atteindre 40. Prête? -Oui. -Deux, un... Debout! Et assis. -Bien! -Ouais! 82 km/h. -Génial. -Je blague. -Ah, ça fait du bien. -Près de 50. -En Californie, au camp d’entraînement de Temecula, alors que nous grimpions dans les montagnes, quelle vitesse penses-tu qu’on a atteinte en descendant les montagnes? -Je me souviens qu’en descendant la montagne de Palomar, nous avons atteint près de 80 km/h. -Ouais. Et vous savez quoi? C’est intéressant quand tu es dedans, quand tu entres dans un flow en faisant confiance à ton équipe. Ce n’est pas effrayant. C’est assez exaltant. -Totalement. Hum... Tu demandais quelle était ma perspective sur le cyclisme féminin et le sport individuel. J’ai expérimenté en tant qu’athlète, des petits incidents tels que me faire parler de météo par des coéquipiers. « Hé! comment était la météo, Mesdames, pendant votre course? » Alors que nos visages étaient encore salés par la course. Nous avions l’air épuisé, nous avions travaillé fort. Et c’était comme, « Êtes-vous vraiment en train de me parler du temps qu’il fait? » -Oui! Oh, mon Dieu. Quand je viens juste de mettre mon cœur et mon âme dans une course. -Donc parfois, nous n’entendons pas le même discours. Souvent, les commentaires de... je ne sais pas, des entraîneurs et du personnel sur le corps des femmes, ou des propos qui ne seraient pas tenus… -Exact. -... envers les hommes cyclistes. -Il y a un peu de sexualisation des femmes dans le cyclisme. -Oui, par exemple, si un homme est grand et fort... -Quoi? -Si un homme est grand et fort -Oh, oui. -« Qu’il est puissant, qu’il est fort! » -Exact. -Si une femme a la même physionomie, elle est... Nous pouvons dire qu’elle est bâtie. Ce n’est pas vu de la même façon. -Exact. -En français, on dit : « Elle est costaude! » On ne le dirait jamais comme ça à propos d’un homme. -Intéressant. -Donc... -Donc le niveau de respect, le niveau de dignité est encore différent. -Parfois différent. Comme entraîneuse, j’ai vécu ça de différentes manières. Je me souviens d’avoir posé ma candidature à un poste dans une grande organisation à Vancouver. Plusieurs entraîneur·euses ou compagnies d’entraînement ont posé leur candidature. Plusieurs d’entre nous étaient des Olympiennes ultra-qualifiées, vraiment engagées dans notre milieu et performantes dans ce que nous faisons. La personne qui a eu le contrat est bonne dans ce qu’elle fait. Mais il n’a pas près de la moitié des compétences. Une expérience de courses locales n’équivaut pas vraiment au niveau de courses olympiques. -Exact. -Donc, il y a un peu de discrimination. -Oui. -Encore. -Ouais. -Nous devons continuer à travailler là-dessus. -Que penses-tu ... de la voie à suivre, as-tu des idées pour que ça s’améliore? Comment pouvons-nous… -C’est une bonne question. Je pense qu’il est important, d’insister et de croire que lorsque les femmes sont davantage présentes, tout le monde en bénéficie. C’est toute la société qui se renforce. -Oui. -Ça pousse tout le monde vers le haut. Ça permet de relever le niveau, de mettre la barre plus haute et tout le monde y gagne finalement. Nous sommes toutes... Nous sommes toutes leurs sœurs, leurs filles, leurs amies. Ouais, tout le monde est gagnant en augmentant la place des femmes dans le sport et dans la société en général… et être reconnues pour nos qualifications… les résultats vont dans la bonne direction. -Ouais, un partage équitable de cette culture du succès plutôt qu’elle soit monopolisée La culture? par un seul genre. -Ouais. -Et ce changement de culture ne doit pas se contenter d’inclure tous les genres, mais aussi, de respecter ses para-athlètes en tant que sportif·ves assidu·es qui font preuve de persévérance, et qui surmontent des obstacles. Il s’agit de choses importantes que je veux transmettre à mes enfants. Un message – évidemment – d’inclusion, mais aussi de travailler fort pour maintenir une vie équilibrée. J’aimerais vraiment être un modèle pour elles. La mise en forme et... La forme physique est si importante pour maintenir en santé notre corps, notre âme Souvent traduit : corps, âme et esprit et notre esprit. J’aimerais leur servir de modèle et montrer aux autres personnes avec un handicap, tout comme aux athlètes sans handicap que tout est possible. Et aussi banal que ça puisse paraître, je me suis fait dire quand j’étais jeune que je n’avais pas d’avenir dans le sport en raison de ma déficience visuelle. Par conséquent, aucune de mes capacités n’était explorée ni exploitée. Aucune. C’est pourquoi je n’ai pas découvert le sport, le parasport, avant d’avoir 28 ans. Donc si quelqu’un regarde ça un jour et se demande quelles sont les possibilités qui s’offrent à lui ou à elle : lancez-vous parce que vous avez probablement un grand potentiel prêt à être exploré. Je suis fière de moi. Je suis fière de nous, Jo. Nous sommes de bonnes coéquipières et de bonnes amies. Et tu es... une coéquipière de qui j’ai beaucoup appris. Je vais porter ces apprentissages en moi, en m’entraînant en étant mère, en travaillant comme ergothérapeute. Vous savez, les apprentissages en sport se transposent dans les autres domaines de la vie. Ça peut paraître cliché, mais c’est tellement vrai. Vous savez, la persévérance, le travail assidu, la recherche d’équilibre, prendre bien soin de soi. Ça fait de moi une meilleure personne. Désolée, Jo. Je suis en train de faire un monologue. Je commençais à m’emporter. -Non, j’adore ça. Je suis d’accord avec toi sur tous ces points. Et je pense que le sport de haut niveau est un miroir. C’est souvent un microcosme ou un miroir de ce qui se passe plus largement dans le monde. Rester actif·ve, l’importance de la camaraderie, des relations, du travail d’équipe, du respect, d’apprendre les uns des autres, de grandir ensemble, ce sont toutes des choses qui nous ont permis de nous améliorer en dehors du vélo. -Ouais. -Dans la vie. -C’est un bon point. -Encore une fois, pour moi, de faire partie du para, m’aide à voir les choses avec les yeux de quelqu’un d’autre, à travers les yeux de quelqu’un d’autre. -Ouais, donc toutes ces choses comme... comme dans mes classes de spinning. Je transmets ces messages à d’autres personnes de façon ludique et créative, pour les aider à se motiver dans leur mise en forme et à développer leurs habiletés quelles qu’elles soient. Aux cours de natation avec mes enfants, avec mes clients au travail, à l’hôpital, j’espère les inspirer de la façon dont j’ai été inspirée toutes ces années par le sport de haut niveau. -Est-ce que tu considères ça comme ton rêve ou...? -Quoi? -Ton rêve ou ce à quoi tu aspires? -C’est ce que je veux. Exactement. C’est ce à quoi j’aspire. -Bien. -C’est une vie de mise en forme, de défense des droits, en cultivant l’amour et la joie. -C’est beau. -Sachant que ce n’est pas toujours facile parce que le fait d’être une femme avec un handicap n’est pas toujours facile. Mais je suis prête pour ça. -C’est admirable. Dans mon cas, ça fait trois ans, deux ans et demi que je suis en mode post-carrière internationale ou en transition et je veux inspirer de la même façon par le biais de mon coaching et faire une bonne transition dans la vie quotidienne, ce qui se passe très bien. Continuer à apprendre, continuer à grandir, développer mon entreprise d’entraînement et d’autres projets, investir dans d’autres sphères de la vie comme dans l’amitié et les relations amoureuses. Rester active. Continuer à faire des courses et continuer à le faire dans le plaisir. -Ouais! Génial. - Super. Donc oui, ce fut une aventure le fun. -Certain. Ce fut une aventure le fun. Je pense que nous devons faire un demi-tour. Bientôt. Je n’en ai pas fait depuis longtemps. -Tu es bonne. Tu vas l’avoir. -Super. C’est bien, on ralentit. Plus loin. Deux, un... Debout! Plus vite, vite, vite On pousse! On pousse! On pousse! Plus! Et... assis. Ouais! Sous-titrage: Épilogue Services Techniques Inc. Closed Captioning: Épilogue Technical Services Inc.