Quelle est la nature de notre contact perceptuel avec le monde, et comment nous harmonisons-nous dans notre environnement partagé? Depuis 2010, ma pratique explore les façons de diriger l’attention sur ce qui d’ordinaire est imperceptible. Le titre de mon œuvre en production à OBORO, Wild Intimacy, se rapporte à l’imprédictibilité des relations entre la lumière et le son, qui prolifèrent dans l’environnement de l’installation.
La lumière émane de l’écran pour rencontrer le son qui circule dans l’espace et semble parfois provenir de la vidéo, et à d’autres moments, de sources extérieures orientées vers elle. Les images projetées survolent les murs de la pièce, tel un écran flottant se mouvant librement.
Les images lumineuses abstraites de la vidéo sont créées avec une caméra DSLR modifiée qui laisse pénétrer la lumière. Le son environnant, atmosphérique et ambiant est enregistré sur place avec l’image, traité en studio et mixé à des sons électroniques et mécaniques captés par un micro-contact attaché à l’extérieur du boîtier. Cette caméra modifiée permet les fuites : le son en fuit et la lumière s’immisce – à l’encontre de la fonction habituelle de l’objet. Dans ce cas précis, cependant, l’échec de ces processus normativisés est productif. La caméra n’est plus un appareil de captation distinct et discret, mais une partie de l’espace sonore et lumineux. Rendue perméable, elle ne fait plus qu’enregistrer l’extérieur, mais devient vulnérable à une intimité transformante avec son environnement. Ses fonctions sensorielles discrètes sont sujettes à la contagion ; l’objet voit autre chose que ce qu'une caméra devrait voir et c’est son propre son qui est présenté au public, mixé avec de très basses fréquences audio. L’installation qui en résulte contient plusieurs couches d’images lumineuses abstraites en mouvement qui induisent un flux narratif et multicouches accompagnée d'une bande sonore traitée, qui ensemble produisent des connections imprédictibles, des relations et des intimités.
Photo : Œuvre Picture for Listening de Nik Forrest présentée dans le cadre de Faire des histoires, une exposition commissariée par Nicole Gingras à VOX - Centre de l'image contemporaine dans le cadre du FIFA en 2015.