Dans la galerie, les éléments de nature qui se meuvent clandestinement et depuis des années dans les œuvres de Vida Simon montent à la surface et se placent à l’avant-plan. Par des manipulations diverses – faisant appel à la performance, au dessin et à l’installation –, l’artiste instaure simultanément avec ceux-ci un rapport de distance et de proximité. Œuvrant dans un cabinet d’étude semblable aux intérieurs flamands, la commissaire et l’artiste déploient alors une fiction botanique : elles suspendent et démontent les tentures d’une narration en marche.
Se référant aux manuels, elles transcrivent leurs observations, pèsent et soupèsent, tournent et retournent les spécimens hermétiques. Classifiés : duveteux, froissés, laqués, visqueux. En piles : algues, fruits, déchets, papiers, mousse. Leur attention se porte sur une « manière de voir » la nature, sur les combinaisons des filtres narratifs et scientifiques au travers desquelles il leur est possible d’envisager cet échantillonnage. Elles croquent sur le vif, pèlent, pratiquent une entaille.
Pourtant, dans l’amalgame des spécimens sur la table qui forment un décor de carton-pâte, un théâtre d’ombres, se devine un excédent de présence. Au-delà des outils, des méthodes, des récits, c’est évident : quelque chose fait signe. Serait-il possible, ne fût-ce qu’un instant, de saisir d’un même coup de filet, les mailles de la fiction et ce qui palpite derrière?