Anne-F Jacquesl’impression que les choses se parlent entre elles dès que j’ai le dos tourné
Anne-F Jacques, chashitsu (détail), 2020. Crédit : Miho Satou
Au cours de ce projet de résidence de recherche, Anne-F Jacques veut porter attention à l'activité constante à l'œuvre dans les matériaux : croissance, usure et transformation, génération et transformation d'énergie, propagation de mouvement, d'ondes acoustiques et d'électricité, fissures et résistance. Elle expérimente avec des techniques obliques et bricolées d'amplification sonore et de génération de mouvement afin de mettre différentes matières en état d'interaction, de tension, d'action réciproque, brouillant les frontières entre l'animé et l'inanimé, l'organique et le synthétique. À la fois atelier ouvert, performance à peine perceptible et installation en perpétuelle transformation, l'espace de travail se veut une sorte d'écosystème oscillant entre perturbations et tentatives d'autorégulation, dans lequel notre présence physique est l'une des plusieurs forces à l'œuvre.
Ce travail sonore et cinétique représente pour l'artiste une façon de réfléchir aux matières, leurs différents états, potentialités et situations limites. En mettant en relation, en collaboration ou en tension, dans un même assemblage, carton et algue, élastiques, nids de guêpe et métal corrodé, lanières d'écorce et languettes de plastique, les limites entre organique, minéral et synthétique de chaque matière – avec leur résilience et leurs faiblesses – s'estompent. Anne-F Jacques croit que dans ce type de contexte, il devient plus facile de se rappeler que le plastique dépend de la décomposition et de la fossilisation d'organismes vivants. Il lui intéresse que les transformations et transmutations de la matière viennent perturber le travail en cours, ayant commencé avant et continuant après ses séances de travail en atelier.
Anne-F Jacques, chashitsu (détail), 2020. Crédit : Miho Satou
Anne-F Jacques est une artiste sonore habitant et travaillant à Montréal. Elle s’intéresse à l’amplification, aux interactions obliques entre matériaux et à la construction de divers systèmes et assemblages idiosyncratiques. Son (in)attention se concentre plus particulièrement sur les technologies légères, les objets banals et les sons rugueux. Elle présente régulièrement installations sonores, performances et interventions éphémères en Amérique du Sud et du Nord, au Japon et en Europe.