Maria Carvajal Un regard sur l’activité archivistique
Diapositives de l’espace d’exposition, de A Retake of the Sher-Gil Archives de Vivan Sundaram et de Home/Nation de Rummana Hussein. Réalisées en 2001 par Denis Farley.
Dans le cadre d’un stage en gestion des documents et des archives
Sous la supervision de Denis Lessard, archiviste
L’activité archivistique n’est pas toujours claire dans l’imaginaire des gens. Pendant toute la durée de mon certificat, je me suis retrouvée à expliquer que l’archivistique ne consiste pas simplement à « archiver des papiers ». L’archivistique est un beau métier et évidemment plus complexe que cela. Je ne parlerai pas de la gestion de l’information puisque, même si elle partage plusieurs aspects et fonctions avec la gestion des archives, je considère que ce sont deux pratiques fondamentalement différentes. La gestion des archives travaille avec un niveau de la mémoire qui est attaché à la préservation du patrimoine et au besoin de créer un portrait social.
Les archivistes créent des outils afin d’aider les employé.e.s d’une institution à organiser et archiver les documents qui découlent de leurs activités quotidiennes. Malgré ce travail d’orientation, il existe le cas de certains documents qui ne sont pas forcément pris en compte dans ces outils, donc on va se questionner sur la valeur de ceux-ci. Ce sont les archives qui répondent à priori à un attachement personnel : « bien que la relation “émotive” à l’archive soit une chose courante, cette caractéristique ne figure pas parmi les aspects que les archivistes privilégient afin d’en assurer la pérennité1. » Par exemple, les brouillons, les notes sur des post-it, les dessins rapides lors d’une planification d’une exposition et même les gribouillages inconscients. On a tendance à garder seulement le produit final et à rejeter le processus considéré « banal ». Ce moment constitue le premier niveau de tri, la première décision qui établit ce qui va faire partie de l’histoire de l’organisme. Cet instant détermine quels sont les documents qui vont construire le récit d’un événement et de quelle façon il sera raconté.
Dans ce court exposé, je veux mettre en avant l’importance de considérer ces documents « oubliés » comme un morceau du récit qu’il vaut la peine d'archiver. En même temps, j'en profite pour faire un rappel des supports qui sont souvent nécessaires pour revisiter ces archives. L’obsolescence des supports est un enjeu puisqu’avec leur disparition, récupérer l’information s’avère très difficile, même impossible. Plus que des simples objets « vintage », ils sont essentiels à la lecture et à la mise en valeur des anciens supports d’information.
Les archives sélectionnées ici proviennent de la collection d’archives historiques d’OBORO, plus concrètement de la programmation 2001-2002. Les expositions choisies sont Une pratique profane : art récent en Inde et The Madhouse (Einstein’s Brain Project). La première a fait partie de l’événement Des Idées en Mouvance : un dialogue culturel contemporain avec l’Inde, organisé par Hoopoe Curatorial. L’événement s’est déroulé dans trois centres d’artistes autogérés de Montréal, en plus du centre OBORO. Celui-ci présentait du 10 novembre jusqu’au 15 décembre 2001 le travail de trois artistes de l’Inde : Vivan Sundaram, Rummana Hussain et Atul Dodiya. Cette exposition faisait partie d’un projet de Hoopoe Curatorial qui s'étalait sur quatre ans et visait « à établir un échange artistique et culturel, en vue de créer une conscience des questions qu’ont en commun les artistes canadiens et indiens2. » The Madhouse (Einstein’s Brain Project) présentait le travail de Paul Woodrow et Alan Dunning, deux artistes qui travaillent avec les nouvelles technologies et les nouveaux médias depuis 1996. L’exposition, présentée du 15 septembre au 20 octobre 2001 en forme d’installation in situ, « questionne nos notions de réalité en créant et recréant une narration à partir d’un passé immédiat commun aux participants à l'environnement3. » - Maria Cavajal
Vidéo prise au Laboratoire nouveaux médias avec l’aide de Aaron Pollard et James Schidlowsky
Grand merci à James pour avoir prêté sa visionneuse à diapositives.
Vidéo : Maria Carvajal et James Schidlowsky
Édition vidéo : James Schidlowsky
Support technique : Aaron Pollard et James Schidlowsky
Mains : Maria Carvajal
Je tiens à remercier toute l'équipe d'OBORO qui m'a tant aidé pendant le déroulement de mon stage.
Diapositives de l’espace d’exposition, de A Retake of the Sher-Gil Archives de Vivan Sundaram et de Home/Nation de Rummana Hussein. Réalisées en 2001 par Denis Farley.
Maria Carvajal est une scénographe espagnole installée à Montréal depuis 2014. Elle a bâti son expérience dans les théâtres de Madrid et au Théâtre Denise Pelletier à Montréal grâce au Programme du Conseil des arts de Montréal démART-Mtl : pour l’intégration des artistes issus de la diversité culturelle. Depuis 2019 elle alimente ses expériences en création et conception d’espaces avec des études en Muséologie et Archivistique à l’UQAM. Elle a également travaillé comme assistante à la Direction Artistique en cinéma dans plusieurs productions américaines.
Denis Lessard vit et travaille à Montréal. Depuis 1982, il présente ses performances et ses créations visuelles au Canada, aux États-Unis, en France et aux Pays-Bas. Il détient une maîtrise en histoire de l’art et un certificat en archivistique (Université de Montréal, 1985 et 2010). Il œuvre également comme critique d’art, traducteur, commissaire invité et enseignant en histoire de l’art. Sa pratique interdisciplinaire aborde notamment les questions de la collection, de l’identité masculine, de la spiritualité et des rapports entre littérature, musique et arts visuels. Depuis 1987, il a réalisé plusieurs résidences au Canada et aux Pays-Bas. Récipiendaire du prix Louis-Comtois en 1994, il a également obtenu plusieurs bourses de création du Conseil des arts du Canada et deux bourses de déplacement du Conseil des arts et lettres du Québec. Lessard est également consultant en gestion des documents et des archives dans le domaine de la culture.