Stephen Beaupré Monique Régimbald-Zeiber Atom Cianfarani Permaculture (titre refusé)
© S. Beaupré, 2018
« Les systèmes forestiers sont un enchevêtrement complexe de structures d’agrégats qui s’unissent pour soutenir la vie dans un continuum élégamment équilibré. Il s’agit d’une émergence lente et soutenue de redondances entrelacées, de concurrence et de mutualité. L’observation de ces complexités est importante pour notre propre existence, fondamentalement indissociable de la nature. Quelle est alors la responsabilité environnementale du monde de l'art dans un écosystème surchargé et en transition? Les artistes et les travailleurs culturels ont-ils/elles l'obligation de découpler leurs pratiques de l'excès et de l'arrogance du capitalisme débridé, d'être des modèles créatifs et non des processus destructeurs? Notre compulsion irrationnelle pour une croissance exponentielle, fermement associée à l'abondance des combustibles fossiles, a eu un impact radical et sans précédent sur l’écosystème. Le monde de l'art et le capitalisme coexistent généralement dans un hyperparasitisme vigoureux, où souvent la croissance, la grandeur et l'impertinence prévalent aux dépens de l'économie, de la probité et de l'essence.
Les pratiques artistiques déviantes vont à l'encontre de l'intégralité des systèmes naturels. Dans ces circonstances, à quoi donc un véritable engagement ressemblerait-il ? Non seulement un qui traiterait des problèmes environnementaux et des tentatives de conciliation avec nos appétits, mais une approche qui développerait et appliquerait activement des méthodes qui modifient notre façon de vivre et d’expérimenter le monde grâce à l’art. La permaculture et d'autres pratiques agroécologiques réciproques, où une approche de « pensée systémique globale » est adoptée, considèrent la forêt comme un modèle (comme l'ont fait nos ancêtres). Avec un œil reconnaissant pour l'étendue des cycles naturels, la récursivité se produit, les modèles se répliquent. Sans ce type de considération à travers tous les aspects de la civilisation, où la culture en tant que point central et articulation est cruciale, l’équilibre de notre monde pourrait très bien se dégrader. Si le récit doit transformer la façon dont nous vivons fondamentalement sur la planète, alors est-il possible de modifier le paradigme à partir d'une sphère d'influence aussi importante? Avec la récursivité en tête, des méthodes viables et durables peuvent être adoptées, mises en œuvre et partagées afin de créer des heuristiques pour un changement systémique incrémentiel. »
- Stephen Beaupré
Dans le prolongement de ses intérêts de recherche autour de l’anthropocène, du réchauffement climatique et des moyens par lesquels la communauté artistique peut aborder ces questions sur des plans créatifs, théoriques et pratiques, OBORO invite le musicien, penseur et technicien en galerie Stephen Beaupré à s’inspirer de sa structure institutionnelle pour développer un programme d’activités explorant ces systèmes. Travaillant avec l’artiste et penseuse Monique Régimbald-Zeiber et la futuriste et activiste artistique Atom Cianfarani, il propose une série d’événements publics pour réfléchir collectivement aux termes que nous utilisons et aux actions que nous pouvons entreprendre en tant qu'artistes et travailleurs/euses culturel.les.
Cercle de lecture avec Stephen Beaupré : Verdir le cube blanc
Les musées, les galeries d'art et les centres d'artistes autogérés sont des espaces malléables destinés à promouvoir et à diffuser les fruits des pratiques créatives dans toute leur perspicacité, leur innovation, leur beauté et leur frénésie. Ces espaces sont, à la base, inoccupés et sans contenu, mais sont continuellement remplis de questions et de propositions à propos de l'essence de la vie. Au mieux, les pratiques créatives exposées à l'intérieur de leurs murs améliorent notre qualité de vie, nous remplissent de passions et de nouvelles humeurs, stimulent une expansion de notre perception de l'être. De façon générale, ces institutions générèrent cependant un gaspillage excessif de déchets et de gaz à effet de serre, car les conventions d'installation et de démontage d'expositions ne sont pas encore totalement alignées avec l’urgence de la crise climatique actuelle. Quels sont la responsabilité éthique et l’engagement de ces institutions vis-à-vis l'impact environnemental de leurs actions si leur véritable objectif est d'améliorer la qualité de la vie? En utilisant le récent article The Green Cube de Chris Hampton comme tremplin et en développant les thèmes de la permaculture et des systèmes cycliques, ce cercle de lecture tentera d’explorer ces questions d’un point de vue tant théorique que pratique dans un format de discussion ouvert issu de points de vue disparates de quiconque touché par le milieu de l'art.
Lecture :
Hampton, Chris. «The Green Cube», Canadian Art. Automne 2018. Disponible ici
Ateliers avec Atom Cianfarani
Atelier #1
Chauffage DIY : Chauffez votre appartement en capturant de l'énergie gratuite/trouvée
20 octobre, 13 à 17h à OBORO
Gratuit, atelier donné en anglais avec possibilité de traduction simultanée, inscription requise, aucune connaissance préalable nécessaire.
Avez-vous une sécheuse électrique dans votre appartement? Ou une grande fenêtre faisant face au sud ou recevant beaucoup de soleil? Cet atelier pratique vous apprendra à construire un simple appareil de chauffage afin de réduire vos factures d’électricité pour l’hiver. Exploitez la chaleur passive de votre maison en la transformant en chauffage gratuit. Pour les personnes qui n’ont pas peur de se salir les mains. Ces ateliers sont conçus pour fabriquer des objets tout en discutant. Sujet de discussion : La solution aux changements climatiques ne s’achète pas.
Matériel à fournir par chaque participant.e
> Option 1 : Seau de chauffage pour la sécheuse
- Seau de 1.5 gallon (5.67 litres)
- Bride de 4 pouces (10.16 cm) pour la sécheuse
- Tuyau de quincaillerie ou bouteille de plastique de 2 litres
> Option 2 : Chauffage de fenêtre DIY
- Une grande boîte de carton
- Ruban à mesurer
- Ruban adhésif noir
Atelier #2
Mouvement de l'eau dans la ville : Toits verts, jardins d'eau et toits bleus
27 octobre 2018, de 13 à 17h à OBORO
Gratuit, atelier donné en anglais avec possibilité de traduction simultanée, inscription requise, aucune connaissance préalable nécessaire.
Dans cet atelier, vous apprendrez les rudiments des toits verts. Nous discuterons des problèmes d'eau en milieu urbain, des toits bleus, des installations d'art « actives » et des jardins aquatiques. Chaque participant.e recevra mon zine sur les toits verts DIY utilisant des matériaux trouvés et construira un modèle de toit vert à rapporter à la maison. Pour les personnes qui n’ont pas peur de se salir les mains. Ces ateliers sont conçus pour fabriquer des objets tout en discutant. Sujet de discussion : l'eau dans la ville.
Matériel à fournir par chaque participant.e
- Un format « tetra pack » ou une boîte de lait
- Une brique ou une demi-brique cassée
- Un marteau
- Un emballage en styromousse (juste un petit morceau, de la taille de votre carton de lait)
Cercle de lecture avec Monique Régimbald-Zeiber : Réflexion-flânerie avec chœur de lecteurs
Lectures glanées et croisées dans la métamorphose des métaphores
J’ai été saisie par cette phrase de Peter Wohlleben dans La vie secrète des arbres : Découvertes d'un monde caché : « Dès que l’on pénètre dans une zone agricole, la végétation devient très silencieuse. La main de l’homme a fait perdre aux plantes cultivées beaucoup de leur aptitude à communiquer par voie souterraine ou aérienne. Quasi muettes et sourdes, elles sont une proie facile pour les insectes. (..) Les exploitants de terres agricoles gagneraient à s’inspirer des forêts et à laisser un peu de naturel réinvestir les cultures de céréales et de pommes de terre pour qu’elles recouvrent la parole. » J’ai pensé que, justement, la permaculture semble la réponse toute indiquée à cette invitation que le forestier faisait aux agriculteurs. Ainsi donc, les artistes qui entrevoient la permaculture comme modèle possible, peuvent trouver dans la forêt un complément, voire la possibilité de créer un modèle hybride. Ajoutons que la transformation des pratiques artistiques et l’évolution des métaphores qui nourrissent les réflexions sur l’art, nous permettent de croire que cette démarche est déjà en cours.
- Monique Régimbald-Zeiber
Liste de lecture :
* L'activité se déroulera en français et en anglais.
* Les participant.e.s au séminaire devront avoir fait les lectures suivantes (extraits des textes fournis par OBORO avant la rencontre) :
- Tableaux disloqués : enchevêtrement d'écriture, Monique Régimbald-Zeiber, les petits carnets, p. 9, 20-21.
- La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, Éditions Multimonde, p. 221-222.
- Écorces, Georges Didi-Huberman, Les éditions de minuit, p. 9-10.
- Kuessipan, Naomi Fontaine, Mémoire d’encrier, p. 9.
- La permaculture : une brève introduction, Graham Burnett, éditions Kindell, p.18, 55.
© S. Beaupré, 2018
Stephen Beaupré est un artiste musical montréalais qui compte deux décennies de production distincte et électrisante à son actif. D’abord connu pour son travail au sein du duo techno Crackhaus, il a par la suite acquis une certaine notoriété comme artiste solo sur l’étiquette montréalaise Musique Risquée, notamment avec la parution de son album Foe Destroyer, en 2006. Depuis, Beaupré a endisqué plusieurs albums sur des étiquettes de renom, telles que Circus Company et Perlon.
Artiste, Monique Régimbald-Zeiber s’est intéressée très tôt au politique dans l’art. Elle a développé une pratique croisée de peinture et d’écriture qui questionne la construction de l’Histoire, surtout celle des femmes. Professeure et chercheure (UQAM) elle a contribué à développer des programmes en soutien aux chercheurs-créateurs du Québec. (FRQSC).
Atom Cianfarani est un.e artiste queer et designer. Son travail porte sur la restauration écologique DIY. Les matériaux réchappés des déchets d’une société consumée par la consommation fonctionnent comme les personnages principaux dans le travail de Cianfarani, qui est profondément dévoué.e à mettre l’emphase sur le poids idéologique des «poubelles».