Stanley Wany Corps matériels

Date(s) : 3 oct au 29 nov 2025

Lieu : Salle Daniel-Dion et Su Schnee

Commissaire(s) : Michèle Magema

Exposition

Corps matériels

© Stanley Wany, 2025

Corps matériels marque un retour symbolique aux racines ancestrales de l’artiste Stanley Wany, en empruntant les chemins de mémoire menant à Ilé-Ifẹ̀, ville fondatrice de la cosmologie yoruba. Berceau mythique de divinités et de cultures d’Afrique de l’Ouest, Ifẹ̀ devient ici un point de départ vers une exploration plus vaste du continent africain, à la recherche des traces enfouies ou fragmentées ayant résisté aux dépossessions de la traite transatlantique et aux violences de l’histoire coloniale, notamment dans les régions autrefois habitées par les peuples BaKongo. 

Ancrée dans une démarche à la fois intuitive et documentée, l’exposition s’appuie sur des recherches croisées entre récits oraux, savoirs académiques et textes d’auteurs africains. Si une distance géographique et historique sépare l’artiste de ces héritages, elle est traversée par la persistance mobile des objets — ces fragments de mémoire matérielle désormais conservés dans des musées en Amérique du Nord. Wany s’est nourri de ces rencontres avec les artefacts pour produire une série d’œuvres résonnant avec les formes, les forces et les esthétiques des cultures originelles. 

L’exposition engage ainsi un dialogue entre la mémoire tangible des objets et les flux intangibles de la diaspora africaine. Elle interroge la manière dont les symboles, les imaginaires et les énergies ont circulé au fil de l’océan — cette « mer éthiopienne » que Paul Gilroy, dans The Black Atlantic (1993), nomme espace de transferts et de créations culturelles. L’exposition est ponctuée par une performance inédite conçue en collaboration avec l’artiste franco-congolaise Michèle Magema, également commissaire du projet, qui prolonge cette traversée sensible et politique par une activation des corps et des gestes. 

Corps matériels

© Stanley Wany, 2025

Stanley Wany est un artiste multidisciplinaire dont le travail consiste à revisiter les archives coloniales et historiques dans le but d’extirper l’histoire de ses ancêtres afrodescendants. Il commence son exploration comme éditeur et créateur de romans graphiques expérimentaux qui explore la non-linéarité de la narration et de l’inconscient. Après une résidence en Finlande, il fait le saut en arts visuels, poursuivant sa recherche en incorporant cette fois l’historicité des narratifs présents dans la culture populaire. Par le dessin, la peinture, l’installation et les romans graphiques expérimentaux, il approfondit ses réflexions sur la culture populaire, les mythes et le subconscient en relation avec l’expérience des personnes afro-descendantes dans la société occidentale. 

https://www.stanleywany.ca/

Michèle Magema est une artiste visuelle franco-congolaise. Elle est née en 1977 à Kinshasa. Michèle est diplômée en 2002 de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy (DNSEP), depuis 2022, elle vit et travaille à Montréal. Sa pratique artistique interdisciplinaire — vidéo, performance, photographie, dessin et installation — interroge les récits et la mémoire des histoires coloniales, les transmissions orales et les féminismes intersectionnels et décoloniaux.  Elle a construit une carrière internationale solide, en exposant notamment au Brooklyn Museum à New York ; au Centre Pompidou à Paris ; à la Hayward Gallery à Londres etc… Elle a reçu le premier prix de la Biennale de Dakar en 2004 pour son œuvre Oyé Oyé, une installation vidéo biface percutante. Ses œuvres font partie de collections prestigieuses, dont la Sindika Dokolo Collection à Luanda (Angola),  Contemporary Art/ AfricaMuseum en Belgique, le FRAC Val de Loire en France, ainsi que le Museum Rietberg à Zurich et la Attijariwafa bank Foundation au Maroc. Elle est Professeure régulière à l’EAVM (UQAM). Cofondatrice de l’espace USANII, elle est également commissaire d’exposition. Elle poursuit actuellement son doctorat au programme du DEPA à l’UQAM.