Nora Rosenthal Household Portrait

Date(s) : 23 janv au 21 mars 2026

Lieu : Deuxième galerie

Exposition

Household Portrait

© Nora Rosenthal, image tirée de l’installation Household Portrait, 2025

Réalisée dans l’après-coup d’un deuil familial, Household Portrait se déploie en une œuvre vidéo multicanale présentant en simultané un jeu de 8 à 59 séquences de vidéosurveillance filmées à l’intérieur d’une maison. La grille mouvante de ces images en noir et blanc fait directement écho à la trame narrative de la protagoniste, dont le flux de pensées apparaît aussi sous forme écrite à-même les multiples écrans représentés. L’œuvre détourne ainsi l’ubiquité croissante de la sécurité domestique vers un registre sensible. Ici, les caméras censées protéger ne scrutent plus des menaces extérieures, mais plutôt des vertiges existentiels, intérieurs.  

Household Portrait montre souvent trop d’images pour être regardées en même temps; les yeux du spectateur sont contraints de passer d’un écran à un autre, d’une série de séquences à l’autre, dans une dynamique aléatoire qui reflète les modulations d’un récit non linéaire. Cet éclatement invite le spectateur à entrer dans l’effondrement du temps et de l’espace propre au chagrin, celui du choc et de l’incapacité à se concentrer. Les rares moments où les images coïncident ne font que souligner cette fragmentation assumée, maintenue par une voix distante et intime qui semble suggérer que chaque pièce est à la fois distincte et identique – une allusion à la manière dont différents espaces et temporalités semblent parfois exister de façon paradoxale et simultanée, comme en témoignent certaines expériences de physique quantique ou comme le suggère la philosophie bouddhiste. 

Cette simultanéité impossible-et-pourtant-possible reflète l’expérience du deuil au cœur de Household Portrait. Comme le souligne l’artiste : « C’est absurde, indécent, écrasant : une crise de panique dense sous forme de poème, une expression de la solitude confuse et de la quasi-folie qui accompagnent la tristesse profonde, la perte et l’amour qui persiste dans son sillage. » 

Autres lectures :

Household Portrait

© Nora Rosenthal, image tirée de l’installation Household Portrait, 2025

Nora Rosenthal est une écrivaine, cinéaste et artiste dont le travail a été soutenu par le Conseil des arts du Canada, l’ONF et le Conseil des arts de l’Ontario. Elle a participé à des résidences au Banff Centre, au RIDM, à la Power Plant Contemporary Art Gallery et à UnionDocs à Brooklyn, New York. Ancienne rédactrice en chef de la rubrique Arts et Culture chez Cult MTL, ses articles ont été publiés dans Momus, MUBI’s Notebook, The Editorial Magazine et Documentary Magazine. Son court métrage Nine Easy Dances, nominé pour le prix du meilleur court métrage documentaire par l’International Documentary Association en 2024, a été présenté notamment aux festivals Visions du Réel, Dokufest Kosovo et DOK Leipzig, ainsi qu’au Museo Guggenheim Bilbao. Le film a remporté deux prix du meilleur réalisateur lors de sa tournée et un prix du jury au Festival du court métrage de Florence. Depuis qu’elle a obtenu sa maîtrise en production cinématographique à l’Université York, elle continue de travailler avec des chercheurs et chercheuses de York et comme mentor cinéaste chez Wapikoni Mobile.